[Chronique] Mojoe - Classic.Ghetto.Soul
Mojoe : ce nom vous est inconnu ?
Il est grand temps de remédier à cela…
En provenance de San Antonio, une ville plus connue pour son équipe de Basket que pour sa scène HipHop, Mojoe est un duo composé de Tre (Treson Scipio) et d’Easy Lee (Charles Peters).
Sont invités Katt Daddy, Peace The Soul Son, Ron Horne, Bavu Blakes et Roger Blevins, des artistes peu connus qui viennent apposer des refrains chantés ajoutant un zeste de légerté à un projet dense et ambitieux. Le titre évocateur de l’album Classic.Ghetto.Soul est-il justifié ?
Nous naviguons aisément entre des instrumentales HipHop, Soul, Jazz, Blues et Funk : laissez-vous tenter par ce voyage musical aux allures de récital.
Les deux MC captent d’entrée de jeu l’attention de l‘auditeur avec des rimes poétiques (appréciez l’envoutant Cool poem, un intermède de plus de 7 minutes parfaitement instrumentalisé que vous découvrirez avec plaisir et étonnement), des flows accrocheurs et des lyrics conscients :
“Mama use to say baby this road we travel is hard sometimes / Ups and downs and everybody’s got a different plan for your life / Then she said follow your soul / It’ll never lead you wrong / So now we’re here for all of y’all to sing our song / From the soul to your soul.”
La combinaison parfaite ?
Après une intro très Soul qui laisse envisager le meilleur pour la suite de l’album, ceux que l’on décrit subtilement comme "The Roots meet OutKast over dinner with Marvin Gaye at D'Angelo's house" enchaînent avec True Jewelz, où les deux MC assument parfaitement leurs influences soulfoul citant successivement des légendes établies telles que Curtis Mayfiled, Billie Holiday, Curtis Mayfield ou Donny Hataway. Tout en rendant hommage à leurs idoles, Tre et Easy Lee affirment qu’ils veulent que le monde se souvienne d’eux de la même manière. On passera sur cette déclaration somme toute plutôt amusante… True Jewels est un morceau qui résume à lui seul le projet que nous apprécions. Le duo affirme que leur musique vous fera « jump, shout, clap maybe cry » ou encore « make you wanna love, fight, hate, get you high » et ils ont raison !
Sur le groovy «Gumbo Groove», on se surprend avec joie et étonnement en train de claquer du doigt et de secouer la tête, un sourire sur le visage : satisfait et conscient d’apprécier du HipHop d’une qualité et d’une musicalité rare.
La dernière track de l’album Sweetwater est une piste Smooth à souhait avec un refrain à la Donny Hataway dans ses meilleurs moments qui clot de la meilleure des manières une aventure musicale des plus plaisantes.
Vous l’aurez remarqué, ma chronique est largement élogieuse, ce Classic.Ghetto.Soul est une véritable bouffée d’air frais au milieu d’un paysage « rapologique » en cruel manque d’albums véritablement travaillés et variés.
Classique vous dites ? Il est évidemment bien trop tôt pour l’affirmer, mais il ne fait aucun doute que cet album marquera son époque d’une empreinte que l’on espère permanente.
Du grand art !
Swen